Ces dernières années, l’Ouzbékistan renforce ses rapports internationaux dans divers domaines. Grâce aux nouvelles propositions et initiatives avancées par le gouvernement dans multiples secteurs, la République est connue et reconnue à l’échelle mondiale, des pays d’Asie à l’Europe ou à l’Amérique.

Engagé dans un énorme travail sur de grands projets, le pays témoigne son potentiel culturel aux États étrangers en établissant une coopération étroite avec les pays européens, dont la France.

En novembre de l’année dernière, le président d’Ouzbékistan Chavkat Mirzioïev avait effectué sa deuxième visite historique en France. Ces jours-ci, le président de la République française Emmanuel Macron est attendu en visite officielle dans notre pays.

À la veille de la visite, l’ambassadrice de France en Ouzbékistan Mme Aurélia Bouchez a donné une interview à UzA. Dans son interview, la cheffe de la mission diplomatique française à Tachkent a évoqué la signifiance de la visite historique imminente, le niveau actuel et les perspectives de la coopération bilatérale, et l’intérêt croissant à l’apprentissage de la langue française dans le pays, notamment à Samarcande.

Que pouvez-vous dire sur les résultats de la visite du président de l’Ouzbékistan en France l’année dernière ? Quel travail a été effectué depuis sur la base des accords signés pendant cette visite ?

La visite du président Chavkat Mirziyoïev à Paris en novembre 2022 a été très riche, tant sur les plans économique, culturel et politique. Elle suivait une première visite effectuée quatre ans plus tôt et elle témoignait du rapprochement sans précédent opéré entre nos deux pays ces dernières années et de l’amitié nouée entre nos deux chefs d’État. 

Lors de cette visite, les deux présidents ont inauguré deux expositions exceptionnelles mettant à l’honneur le patrimoine culturel et historique ouzbek au musée du Louvre et à l’Institut du monde arabe. Ces deux expositions ont rencontré un grand succès parmi le public français et les touristes visitant la capitale française. Plus de 300 000 personnes ont ainsi visité l’exposition « Splendeurs des oasis d'Ouzbékistan » au Louvre. 

Cette visite était aussi importante par le grand nombre d’accords qui ont été signés. D’une part, dans le domaine de la coopération entre institutions, treize accords portant sur différents domaines allant de l’éducation à la santé ont été signés. Il y a également eu une déclaration conjointe qui a été diffusée et montre dans quel état d’esprit nos chefs d’État ont échangé et quel était leur vision de nos relations et de leur perspective. Il y a eu, d’autre part, la signature de plus d’une trentaine d’accords économiques, pour un total de 5 milliards d’euros et auxquels il faut ajouter un programme de prêt de l’AFD atteignant au total 1 milliard d’euros. 

La mise en œuvre des accords avance bien et certains d’entre eux ont déjà connu des applications concrètes. Les accords signés dans le domaine de l’éducation ont ainsi donné une impulsion significative à notre coopération en matière d’enseignement de la langue française. On voit notamment une vraie volonté de l’Agence des institutions éducatives présidentielles à développer l’enseignement du français en LV2. Aussi, vous savez bien que la France et l’Ouzbékistan développent depuis longtemps une coopération en matière d’aéronautique. Dans cette perspective, l’accord signé entre l’Agence de l’aviation civile « Uzaviatsia » et la Direction générale de l’aviation civile a permis à douze inspecteurs d’Uzaviatsia de recevoir une formation à Tachkent sur la conduite des contrôles de surveillance, dispensée par un intervenant de l’Ecole nationale de l’aviation civile. Vous savez aussi que la France accorde une attention toute particulière aux défis globaux tels que le changement climatique. Or, la problématique de l’eau est cruciale en Asie centrale. Une conférence a donc été organisée sur ce sujet à l’Institut international sur l’Asie centrale en partenariat avec l'Institut français sur la recherche en Asie centrale (IFEAC), conformément à l’accord signé entre les deux instituts. 

Sur le plan économique, on pourrait citer de nombreux exemples, mais parmi les avancées les plus visibles permises par les contrats signés en novembre 2022, on peut citer la vente d’avions Airbus A320/A321 à Uzbekistan Airways et ATR72-600 à SilkAvia, les négociations autour du futur tramway de Tachkent qui avancent sur la base d’une feuille de route signée avec Alstom ou encore le lancement du projet de modernisation du système d’approvisionnement en eau de Tachkent mené par Suez.

Le président Emmanuel Macron se rendra pour la première fois en visite officielle en Ouzbékistan les 1er et 2 novembre. Quelle est, selon vous, la portée de cet évènement ?

La visite officielle en Ouzbékistan du président Emmanuel Macron est un évènement exceptionnel, historique, à plusieurs titres. Tout d’abord, il s’agit de la première visite d’un président français en Ouzbékistan depuis la venue de François Mitterrand en avril 1994. Aussi, cette visite intervient, à quelques jours près, trente ans après la signature du Traité d’amitié et de coopération entre la République française et la République d’Ouzbékistan le 27 octobre 1993. C’était la première fois que l’Ouzbékistan avait conclu un tel accord avec un partenaire occidental, ce qui montre la confiance que l’Ouzbékistan avait accordé à notre pays dès son indépendance. Ce traité avait permis de constituer une base solide en faveur du développement de nos relations bilatérales. Or, ces relations ont atteint un niveau d’intensité inégalé ces dernières années, dans tous les domaines. C’est aussi en cela que la visite de notre président est historique : elle vient s’inscrire dans un mouvement sans précédent d’approfondissement de notre coopération. Enfin, le choix de Samarcande comme seul cadre de cette visite est une première pour une visite bilatérale d’un chef d’État européen en Ouzbékistan. 

Comme nous l’avons vu, la précédente visite du président Mirziyoïev à Paris avait eu une grande signification sur le plan culturel avec l’inauguration de deux expositions consacrées à l’Ouzbékistan et avait permis de conclure de nombreux accords institutionnels et économiques. Que pourriez-vous nous dire sur les objectifs de la visite du président Emmanuel, quelles sont vos attentes à la veille de l’arrivée du chef d’État français ?  

Cette visite officielle a quatre grands objectifs :

Le Président de la République entend témoigner son soutien à la souveraineté de l’Ouzbékistan et à sa volonté de diversification de ses partenariats internationaux. Ceci est particulièrement important dans un environnement marqué par le retour des Talibans au pouvoir en Afghanistan et la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine. 

Ensuite, la visite constitue l’occasion d’approfondir encore notre relation bilatérale en nouant de nouveaux partenariats économiques en particulier dans les domaines de l’énergie, des services urbains et des transports. Plusieurs accords seront ainsi signés entre des grandes entreprises françaises et les autorités ouzbèkes en marge du forum d’affaires franco-ouzbek qui sera organisé jeudi. Ce forum d’affaires réunira les représentants de plus de 50 entreprises françaises, ce qui est révélateur de l'intérêt et de l'engouement croissant des entreprises françaises pour l’Ouzbékistan. Le Président célébrera d’ailleurs l'ouverture d'une chambre de commerce bilatérale qui est vraiment le reflet de ce nouveau dynamisme de nos relations économiques bilatérales.

Un autre objectif est de valoriser et d'approfondir nos convergences sur les enjeux globaux, en particulier sur les problématiques liées au changement climatique qui affectent tout particulièrement l'Asie centrale. Outre le dialogue politique sur ces questions, la France agit en soutenant l’Ouzbékistan dans ses efforts de transition énergétique grâce aux prêts fournis à l’État ouzbek par l’Agence Française de développement. 

Enfin, cette visite est dirigée vers la jeunesse ouzbèke et vers l’éducation, qui est une priorité du président Mirziyoïev que nous partageons. Ainsi, un protocole d’intention global sera signé entre nos ministères de l’éducation, englobant des sujets tels que la formation des professeurs de français, l’éducation professionnelle, l’éducation préscolaire et l’introduction de la certification DALF scolaire. Surtout, le président Macron viendra inaugurer l’Alliance française de Samarcande. Ce centre de langue et de culture française, qui se trouvera au cœur de la ville, deviendra certainement le lieu de rendez-vous privilégié des francophiles et francophones de Samarcande. Il répond à une forte demande d’apprentissage de la langue française, portée par l’augmentation du nombre de touristes français dans cette ville historique.

UzA