À Tachkent, le Forum urbain centre-asiatique, organisé par l’Association des jeunes architectes d’Ouzbékistan, s’est clôturé.
Le Forum a été un pôle d’attraction pour designers, architectes et urbanistes de pays voisins et lointains. Des intervenants étaient généralement des architectes venus du Kazakhstan, du Kirghizistan et du Tadjikistan, les représentants du classement « 100 Women: Architects in Practice », de grandes sociétés développeurs, de bureaux de designers et des étudiants en spécialisation dans le secteur.
Comme l’estime un représentant de l’Institut Pratt à New York, dans certaines régions, comme en Europe du Nord ou en Amérique centrale, il est relativement facile de trouver des candidates à inscrire sur la liste des « cent meilleures femmes architectes du monde » grâce à leur visibilité et à la présence des contacts professionnels avec elles. Mais, dans d’autres régions, la recherche de telles femmes nécessite des efforts plus ciblés et approfondis. Notamment, en Asie centrale, la difficulté principale ne consiste pas en manque de femmes architectes professionnelles, mais en leur visibilité insuffisante et en manque de réseaux d’échange dans ce domaine. Les recherches approfondies sur Internet et les réseaux sociaux ont finalement permis d’accéder à seulement cinq femmes architectes d’Asie centrale et de les inscrire sur la liste.
Outre le thème général du Forum, les participants ont focalisé leur attention sur les questions relatives à l’égalité hommes-femmes et au soutien aux femmes engagées dans le secteur du design et de l’architecture.
« Nous nous sommes appuyés sur la question des genres » indique Takhmina Turdialieva, fondatrice du studio d’architecture TataLAB, cheffe de l’Association des jeunes architectes d’Ouzbékistan. « Peut-être, ceci n’a pas d’importance pour certains, mais ça reste le cas jusqu’au moment où la fille, la femme ou la sœur de quelqu’un commence à rêver d’être architecte » s’exprime-t-elle. « J’ai consacré quinze ans, c’est-à-dire la moitié de ma vie, à l’architecture, pendant toute cette période je pense à ce comment faire Tachkent meilleur, plus commode » affirme-t-elle.
L’idée d’organiser ce Forum est née dans le contexte d’un boom des constructions, qui nécessite la résolution des problèmes liés aux changements technologiques et à l’agrandissement des villes. Les effets d’une telle urbanisation consistent en pression sur le marché du travail, en dégradation des infrastructures et en vulnérabilité face aux changements climatiques. Par exemple, Astana, Almaty, Bichkek, Douchanbé et Tachkent se positionnent souvent en tête des classements internationaux des villes à la pire qualité de l’air. Les pays de la région ont besoin d’investissements et d’un développement durable de leurs infrastructures urbaines afin de garantir de meilleures qualités de la vie à leurs populations et de protéger leurs identités.
Comme les intervenants l’ont constaté, les pays d’Asie centrale ont en commun non seulement l’histoire, les traditions et la culture, mais aussi les problèmes urbains liés du développement intensif des villes au détriment de la qualité de l’air et des arbres.
« Les initiatives au niveau régional pourraient renforcer la coopération entre les villes centre-asiatiques dans la résolution des problèmes des infrastructures routières et de la mobilité urbaine » affirme Askhat Saduov, urbaniste et architecte, chef d’Almatygenplan. « En premier lieu, la création des comités de coordination des transports interurbains, qui rassembleraient les représentants de différentes villes et de différents pays, permettrait de mettre en place un dialogue entre les participants et de développer des stratégies conjointes pour le développement des infrastructures de transports. Des projets d’investissement conjoints seraient également importants. L’organisation des fonds de financement des projets de transports, comme la construction de rues, ponts ou le développement du système des transports en commun, favoriserait l’amélioration de la mobilité et de l’accessibilité urbaines. De même, nous devons faire des échanges d’expérience et de meilleures pratiques » précise-t-il.
Le Forum urbain d’Asie centrale a été une plateforme rassemblant des organismes publics, des représentants du secteur privé et des spécialistes de l’architecture, de la construction, de l’écologie et des technologies numériques pour un dialogue ouvert. Ces derniers ont abordé les sujets importants du développement urbain, dont : les réseaux de transports, les questions écologiques et du logement, les aspects du développement économique, la construction de l’avenir des villes, l’amélioration de la qualité de la vie pour la population dans les milieux urbains.
À l’issue des discussions ont été élaborées des propositions et recommandations visant à résoudre les problèmes et les défis émergents dans l’urbanisme, à perfectionner le cadre juridique du secteur visant à garantir la protection de la nature et des intérêts légitimes de l’État, des entreprises et de la population de l’Ouzbékistan.
À la fin du forum, les participants ont signé la Déclaration finale sur la promotion des principes de développement durable dans les processus de l’urbanisation. Par cette dernière, les parties prenantes font part de leur intention de rejoindre « l’Initiative verte », de promouvoir la conception des « villes intelligentes » à l’aide des solutions novatrices et des technologies numériques pour mettre en place une meilleure gestion des ressources et services urbains, de concourir à l’application des principes de développement inclusif tout en garantissant un égal accès aux ressources et services urbains, d’intensifier le dialogue entre toutes les parties intéressées.
UzA