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Face au patrimoine exceptionnel: Ouzbékistan présente sa riche culture au public occidental
16:07 / 2022-11-30

Le monde, et notamment l'Occident, s'intéresse de plus en plus à l'Ouzbékistan, à son économie et à sa culture. Lors de la visite du Président ouzbek Chavkat Mirziyoyev en France, à l'invitation de son homologue français Emmanuel Macron, les deux dirigeants ont inauguré à Paris deux Grandes Expositions uniques sur le patrimoine culturel de l'Ouzbékistan: "Trésors des oasis d'Ouzbékistan. Au carréfour des routes caravanières" au Louvre et "Route à Samarkand. Merveilles de la soie et de l'or" à l'Institut du monde arabe.

Ce projet culturel sans précédent a été initié par le Président ouzbek Chavkat Mirziyoyev, lors de sa première visite en France en octobre 2018. Le fait qu'un pays présente une Exposition nationale de grande envergure simultanément sur deux sites est sans précédent parmi les pays de la CEI.

Les deux Expositions portent sur l'histoire et la culture de l'Ouzbékistan. L'exposition du Louvre couvre la période du V-VIe siècle avant J.-C. à l'époque des Témurides, tandis que l'Institut présente des pièces du XIXe au milieu du XXe siècle, ainsi que des peintures de l'avant-garde du Turkestan provenant de la collection des musées d'État de l'Ouzbékistan.

Les Expositions ont une signification historique pour la coopération interculturelle entre l'Ouzbékistan et la France et offrent à un large public la possibilité de découvrir la culture unique du pays.

Pour préparer les deux Expositions, on a créé une Commission spéciale présidée par le Premier ministre ouzbek et composée de Chokir Pidayev, directeur de l'Institut des études artistiques de l'Académie des sciences d'Ouzbékistan et consultant pour le projet, de Choazim Minovarov, directeur du Centre de la civilisation islamique, des ministres, des savants, des archéologues, ainsi que des directeurs et conservateurs des musées où il était prévu d'emprunter les objets exposés.

D'importants travaux de restauration ont été entrepris. Plus de 70 objets ont été restaurés spécialement pour l'Exposition, à partir de 2018. Ce projet a mobilisé une équipe de plus de 40 restaurateurs de papier, de bois, de métal, de sculpture, de verre et de peinture murale de France et d'Ouzbékistan, y compris Marina Reutova, Kamoliddin Mahkamov, Shukhrat Pulatov, Christine Pariselle, Olivier Tavoso, Delphine Lefebvre, Geraldine Frey, Axel Delaux, Anne Liège, etc.

La restauration et la conservation des pages du Coran de Kattalangar du VIIIe siècle ont été particulièrement difficiles et intéressantes. Ce Coran a une énorme signification religieuse pour l'Islam et les musulmans, et fait partie de ces trésors qui constituent le patrimoine culturel et historique de toute l'humanité.

Le manuscrit a été écrit sur parchemin en caractères kufi et hijazi, l'une des plus anciennes formes d'écriture arabe. La taille moyenne des pages est de 53×35 centimètres. Le Coran a été conservé pendant longtemps dans la mosquée de Langar-ota, dans le district de Kamachi de la région de Kachkadarya.

Le Coran a été restauré de 2019 à 2021 par des experts du Louvre. Selon la description, les pages étaient très sèches avant la restauration. Les feuilles étaient devenues ondulées et avaient accumulé beaucoup de poussière. Les restaurateurs ont commencé le processus de préservation en nettoyant chaque page. Le livre était en mauvais état en raison d'une déformation importante. Au total, le Coran comptait 208 pages. 17 pages se trouvent en Ouzbékistan. Deux pages y sont exposées. Elles comprennent la sourate Moïda (106-120 ayats) et la sourate An'am (1-32 ayats).

Les travaux de restauration ont duré trois ans et ont été rendus possibles en grande partie grâce au soutien personnel de Saïda Mirziyoyeva, alors directrice adjointe de l'Agence d'information et de communication de masse. Initialement, seules 2 pages devaient être restaurées, et c'est Saïda Chavkatovna qui a insisté pour restaurer toutes les 13 pages.

Parmi les structures impliquées dans la restauration de ce document unique figurent la Bibliothèque nationale d'Ouzbékistan Alicher Navoï, le Fonds pour le développement de la culture et de l'art du Cabinet des ministres de la République d'Ouzbékistan et le Conseil des musulmans d'Ouzbékistan. Les travaux ont été réalisés par les restaurateurs du Musée du Louvre Axel Deleu et Aurelia Streti.

Notre rédaction s'est entretenue avec la grande équipe d'organisateurs qui avait réalisé ces deux Expositions majeures qui deviendront pour les six prochains mois la principale carte de visite de l'Ouzbékistan en Europe.

En 2009, l'archéologue et chercheur universitaire Rocco Rante a dirigé une mission archéologique à Boukhara organisée avec une équipe de l'Institut d'archéologie de Samarkand de l'Académie des sciences d'Ouzbékistan.

Quelque temps plus tard, des gravures zoroastriennes uniques ont été découvertes dans le cadre de nouvelles fouilles dans la région de Samarkand, menées conjointement avec des spécialistes français.

Selon les archéologues, il s'agit d'une découverte de renommée mondiale. On suppose que le site des fouilles était un palais de campagne des souverains de l'époque préislamique (avant le VIIIe siècle). 

On a découvert dans la citadelle une salle de cérémonie, dont la majeure partie était occupée par un podium à trois niveaux, où était assis le souverain sur son trône, selon les scientifiques. Les panneaux ornaient les murs de la salle.  Ainsi, il était évident que l'Ouzbékistan dévoilerait sans ambiguïté au monde quelque chose de grande valeur historique et culturelle.

Panneau sculpté carbonisé provient de la colonie de Kafyr-Kala (VIIe-VIIIe siècles après J.-C.). Les fouilles de la citadelle de Kafir-Kala (région de Samarkand) ont révélé un complexe cérémoniel-monumental richement décoré de peintures et de détails en bois. La citadelle a été détruite lors d'un incendie majeur ayant eu lieu, selon les chercheurs, entre 712 et 738 pendant la conquête arabe.

En 2017, une expédition archéologique nippo-ouzbèke, examinant l'une des pièces trouvées, qui semble avoir été une petite salle de trône, a découvert de grands morceaux de décoration en bois calciné sculpté. Le panneau était en mauvais état, mais il a été restauré par un spécialiste du Louvre entre 2019 et 2022,  aujourd'hui il se trouve dans un état stable.

Comme le soulignent les commissaires de l'Exposition, ce panneau de bois est un chef-d'œuvre unique de l'art sogdien. Sur la face avant des panneaux, on trouve une composition de 46 figures humaines disposées sur quatre niveaux. Le sujet principal de la composition est un rituel de masse d'adoration d'une divinité. Au centre des deux niveaux supérieurs se trouve une grande figure de la déesse Nana assise sur un trône en forme de lion couché.

Le commissaire scientifique de l'Exposition au Louvre à Paris, Rocco Rante, estime que la présentation de centaines de pièces rares permettra "aux Européens et aux Américains de mieux comprendre ce qu'est l'Ouzbékistan".

Q: En tant que commissaire de l'Exposition, pouvez-vous nous dire quel sera le thème principal de l'Exposition?

Rocco Rante: "L'Exposition a deux objectifs principaux. Le premier est de montrer la civilisation et la culture de l'Asie centrale en Europe. Paris est bien sûr le leader dans ce domaine, puisque ce lieu abrite des musées prestigieux comme le Louvre.

Le deuxième objectif est de montrer le lien historique étroit entre l'Asie centrale et l'Europe. Après tout, les deux régions ont une longue histoire en commun.

En outre, l'Exposition constitue également une opportunité éducative pour la société européenne et française de mieux comprendre l'Asie centrale. Après tout, sa culture joue un rôle important dans la civilisation humaine et offre de nombreux personnages historiques importants.

Q: Chaque Exposition est particulière, mais y a-t-il une originalité à celle consacrée à l'Ouzbékistan?

R. R.: "L'Exposition "Trésors des oasis d'Ouzbékistan. Au carrefour des routes caravanières" est unique. Pour la première fois en France et en Europe en général, nous exposons des objets aussi rares provenant d'Ouzbékistan. Il y en a plus de 130, et certains d'entre eux n'ont été découverts que récemment. Cette Exposition est le fruit de grands efforts de restauration et de recherche scientifique.

Je pense que cette Exposition exceptionnelle restera unique dans les 30 prochaines années. 

Q: Pouvez-vous nous parler de son organisation.

R. R.: Pour rendre l’Exposition "Trésors des oasis d'Ouzbékistan. Au carrefour des routes caravanières" extraordinaire, nous avons imaginé des effets spéciaux grâce auxquels le public sera absorbé dans son atmosphère. Par exemple, la première chose que les visiteurs verront est une peinture murale du VIIe siècle de Varakhchi. Elle représente un éléphant et ses cornacs attaqués par deux tigres. Pendant que le public admire cette exposition, il entend les bruits du vent, les rugissements des animaux, etc. En même temps, la lumière de la salle sera atténuée et le panneau, au contraire, sera éclairé. Ainsi, on aura l'impression de se trouver sur les lieux des événements décrits.

Les monuments historiques architecturaux de Samarkand, tels que la mosquée Bibi-khanum, le mausolée d’Amir Temur Gur-Emir, le complexe commémoratif Chah-i-Zinda et l'observatoire Oulougbek, seront également représentés de manière particulière. Leurs images seront projetées sur le mur. La musique sera diffusée en fond sonore tandis que les lumières seront tamisées. L'attention du spectateur sera focalisée sur des éléments particuliers à travers l'appareil photo : les couleurs turquoise de la majolique, les motifs sculptés, etc.

"Nous avons réussi à réunir les meilleurs experts français et ouzbeks pour réaliser le projet de la première Exposition de l'Ouzbékistan au Louvre. Couvrant une période de près de deux millénaires, l'Exposition révèle la richesse de l'histoire et du patrimoine de notre pays à un public international. L'exposition est la principale forme d'échange culturel international, un dialogue et une intégration de différentes cultures dans un contexte mondial. Les Expositions à Paris élargissent naturellement la mission du Fonds pour la préservation et la promotion de notre culture, et posent une base solide pour notre future coopération bilatérale", a déclaré Gayane Umerova, directrice exécutive du Fonds pour le développement de la culture et de l'art du Cabinet des ministres de l'Ouzbékistan.

Choazim Minovarov, chef du Centre de la civilisation islamique en Ouzbékistan, a également évoqué l'importance de l'Exposition.

- La France est visitée par 60 millions de touristes par an. Le Louvre accueille plus de 10 millions de visiteurs. Le fait que l'Ouzbékistan soit représenté à une Exposition d'une telle envergure rendra notre pays plus reconnaissable, augmentera l'intérêt pour lui, sa culture et son histoire. Cela constituera une excellente promotion pour le développement du tourisme. Mieux les gens se connaissent grâce aux expositions et à la communication mutuelle, plus forte sera la confiance mutuelle. Or, la confiance ouvre la voie à d'autres domaines de coopération.

Comme l'a fait remarquer Saïda Mirziyoyeva, l'Ouzbékistan a toujours été un lieu d'échanges culturels et commerciaux, et la Grande Route de la Soie a été, en quelque sorte, le premier projet économique mondial. Couvrant quelque deux mille ans, l'Exposition du Louvre donnera un aperçu multiforme de la culture des différentes civilisations qui existaient sur le territoire de l'actuel Ouzbékistan, et présentera le patrimoine unique du pays dans un contexte culturel mondial, ce qui constitue l'un de nos principaux objectifs", a souligné Choazim Minovarov.

"Route à Samarkand. Merveilles de la soie et de l'or"

L'Exposition comprend plus de 300 pièces provenant de 9 musées de la République d'Ouzbékistan, notamment des objets d'art appliqué qui sont des éléments importants de l'identité et de la diversité ouzbèkes. 

Des échantillons de textiles nationaux, de costumes, de coiffes, de bijoux des XIXe et XXe siècles, de chapan brodé d'or de l'époque de l'émirat de Boukhara, de tapis et d'autres œuvres d'art faites selon différentes techniques seront présentés aux visiteurs.

L'Exposition présentera également 23 œuvres de peinture, y compris des œuvres de l'avant-garde du Turkestan provenant de la collection du Musée d'État des arts de la République du Karakalpakstan I.V.Savitsky de Nukus. De 1917 à 1932, le Turkestan était très apprécié par des peintres russes d'avant-garde. À l'époque où Matisse découvrait le Maroc, les peintres avant-gardistes en quête de "couleur locale" ont trouvé une source d'inspiration unique dans la richesse des paysages, des formes et des visages de l'Asie centrale.

L'une des pièces les plus intéressantes de cette exposition pourrait être le tobelik, couvre-chef traditionnel d'une Karakalpake aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le Tobelik présente une forme cylindrique assemblée de plaques d'argent avec des inserts de corail et de turquoise. On considère qu'il servait de décoration supplémentaire, une sorte de couronne posée sur le saukele - la coiffe de mariage.

On y trouve également les kimecheks. C'est aussi la coiffe nationale de la femme. Le kimechek couvre complètement la tête, tandis que le visage reste ouvert. Il fait penser à une capuche. Les femmes mariées portaient des kimecheks aux couleurs qui soulignaient leur statut.

Il est certain que les arebeks, petits anneaux nasaux, attireraient l'attention des visiteurs. Ils étaient en or et décorés de boucles en spirale et de petites perles de turquoise et de corail. Les arebeks étaient portés sur l'aile droite du nez par les jeunes femmes karakalpakes, mais on ne trouve ces ornements nulle part ailleurs sur le territoire de l'Ouzbékistan. Si l'on établit un parallèle, on peut les reconnaître comme une analogie avec les piercings modernes.

Parmi les toiles sélectionnées figurent des peintures d'Ural Tansykbaev, Viktor Ufimtsev et Nadejda Kachina. Il y a des tableaux d'Alexandre Volkov, Alexei Isupov et d'autres. Malgré la manière unique de peindre de chacun d'entre eux, toutes les peintures sont inspirées et unies par un thème - l'Orient et ses couleurs. Par exemple, lorsqu'un visiteur voit " Salon de thé sous les ormes au bord de la rivière" de Nikolai Karakhan, il peut immédiatement comprendre comment les gens de cette époque s'habillaient et se reposaient, comment ils vivaient et la nature qui les entourait. 

De plus, le "Motif oriental" de Victor Ufimtsev est fort intéressant. Originaire de Sibérie, le peintre a progressivement acquis l'art traditionnel de l'Islam au fur et à mesure qu'il se familiarisait avec l'Asie centrale. Cette œuvre est une stylisation moderniste libre de la miniature musulmane qui reproduit une scène de fête classique. Elle représente deux femmes se reposant vers lesquelles se dirige un homme avec un pot. En regardant cette peinture, on pourrait penser qu'un observateur occidental apprécierait la haute considération dont jouissent les femmes en Orient.

En général, il convient de noter que l'ensemble de la collection représentée par le Musée Savitsky est appelé à révéler toute la diversité, l'originalité et le charme de la culture orientale et de l'Ouzbékistan en particulier. Et il est très symbolique qu'elle soit exposée à l'Institut du monde arabe  situé dans la célèbre capitale européenne. Cela prouve une fois de plus que l'Occident et l'Orient peuvent parfaitement coexister et s'enrichir mutuellement.

L'une des commissaires de l'Exposition, la directrice de l'édition française "Assouline Publishing" Yaffa Assouline et le photographe Laziz Hamani ont grandement contribué à la création de l'exposition. Ils ont passé trois ans à voyager dans la région pour trouver et collecter du matériel pour des publications sur l'Ouzbékistan. L'exposition, "Route à Samarkand. Merveilles de la soie et de l'or" était en fait une illustration vivante de ces livres.

Tous les objets exposés par l'Ouzbékistan à Paris seront renvoyés dans leur pays d'origine. Leur sûreté et leur sécurité sont garanties par le Ministère français de la culture. Ils sont également assurés dans le cadre du système "clou à clou".

En ce qui concerne les Expositions à venir, un accord a été signé le 25 octobre entre le Fonds pour la promotion de la culture et de l'art et les musées d'État de Berlin pour organiser conjointement une Exposition à Berlin en 2023. 

L'accord pour l'organisation de l'Exposition, avec le titre provisoire " Ouzbékistan - d'Alexandre le Grand à l'Empire Kushan ", a été signé par la directrice exécutive du Fonds Gayane Umerova et le directeur du Musée de la préhistoire et de l'histoire ancienne (Musées d'État de Berlin) Matthias Wemhoff. 

Cette Exposition se tiendra à la Galerie "James Simon" du 21 avril au 1er octobre 2023. Elle comprendra 270 objets archéologiques provenant de divers musées d'Ouzbékistan. 

La galerie est située sur une île musée et a été conçue par l'éminent architecte David Chipperfield. La galerie fait partie de l'association des musées d'État de Berlin.

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